LE JEU EN LIGNE : UNE DÉCISION SENSÉE DE LOTO-QUÉBEC

LE JEU EN LIGNE : UNE DÉCISION SENSÉE DE LOTO-QUÉBEC

Il n’est pas facile au Québec de changer les règles en ce qui concerne le jeu. Il n’y a qu’une certitude : même si la décision est légitime et justifiable tant du point de vue économique que social, les critiques viendront quand même de partout. Mais cette fois, Loto-Québec a bien fait son travail en s’assurant de l’appui du gouvernement avant de lancer le projet de jeu en ligne plutôt que de laisser au gouvernement le loisir de faire marche arrière si l’eau devenait trop bouillante, comme cela s’est produit à deux reprises au cours des dernières années. En 2003, après avoir obtenu en privé l’aval du gouvernement péquiste pour l’agrandissement du Casino de Montréal et pour une importante réduction du nombre d’appareils de loterie vidéo (ALV) dans les bars, le gouvernement laissa tomber Loto-Québec face notamment aux critiques de ceux qui voulaient que Loto-Québec déménage de l’île Notre-Dame et face aussi à la pression de l’Association des propriétaires de bars qui ne voulait pas perdre une importante source de revenus. Également, il y a quelques années, après avoir obtenu l’appui tacite du gouvernement libéral cette fois, Loto-Québec lança un projet bien ficelé pour un nouveau casino près du bassin Peel. Mais encore là, devant certaines protestations de la population de Pointe-Saint-Charles et devant des argumentaires ridicules du genre ‘’le gouvernement devrait mettre un milliard de plus dans la santé plutôt qu’un milliard dans un nouveau casino’’, le projet tomba à l’eau faute de support du gouvernement qui refusa à nouveau de se mouiller publiquement. Mais cette fois, je ne peux que lever mon chapeau au ministre Raymond Bachand qui s’implique dès l’annonce du lancement du projet de jeu en ligne. Cette fois, le gouvernement ne laisse pas Loto-Québec aller seul à la guerre tout en se gardant l’option de reculer si la critique devenait trop forte.

Le jeu en ligne est une continuité du rôle que Loto-Québec doit jouer dans la commercialisation du jeu au Québec. Souvenons-nous de l’époque où les seuls gratteux disponibles provenaient des Sweepstakes Irlandais ou encore des pools de hockey arrangés avec le chronométreur du Forum de Montréal. Connaissez-vous quelqu’un qui a déjà gagné quelque chose avec ces jeux? Souvenons-nous de l’époque pas si lointaine où il y avait au-delà de 30,000 ALV illégaux partout au Québec, ALV qui la plupart du temps remettaient aux joueurs moins de 50% de l’argent mis dans ces appareils. Aujourd’hui, le nombre d’ALV est d’environ 12,000 avec une remise qui dépasse 90%. C’est un fait que Loto-Québec rapporte près de un milliard et demi de dollars par année au gouvernement, mais c’est aussi un fait que le jeu est beaucoup mieux contrôlé depuis qu’il est sous l’autorité de Loto-Québec avec des profits qui reviennent dans nos poches plutôt que dans les poches du crime organisé. Devant deux maux, il faut choisir le moindre car on n’empêchera pas les gens de jouer.

Quant au jeu en ligne sur internet, il est aussi important pour Loto-Québec d’y être présent qu’il est important pour les grands quotidiens d’être présents eux aussi sur internet pour protéger leur avenir. Dans un cas comme dans l’autre, il s’agit de ne pas se fermer les yeux et de réaliser qu’internet change toutes les règles du jeu. Les grands quotidiens sont à la recherche d’une nouvelle formule d’affaires qui leur permettra, grâce à l’internet, de conserver et même de reconquérir à la fois leurs lecteurs et leurs annonceurs. Il en est de même pour Loto-Québec, d’où son implication dans le jeu en ligne. Si Loto-Québec ne se lance pas dans le domaine du jeu en ligne, il y aura deux conséquences inévitables. La première est à l’effet que le jeu en ligne connaitra de toute façon une croissance exponentielle au détriment des autres formes de jeu déjà sous le contrôle de Loto-Québec. La deuxième est à l’effet que, en l’absence de Loto-Québec, le crime organisé reviendra en force avec le même manque de contrôle qu’on a connu dans le passé. Il serait néfaste de revenir en arrière.

Publié par Gaétan Frigon