UN BÂTISSEUR AVANT TOUT

UN BÂTISSEUR AVANT TOUT

Publié dans La Presse, le 15 octobre 2012 :

Je connais Raymond Bachand depuis des siècles. Bon, disons depuis plusieurs décennies, ce qui est suffisant pour porter un jugement de valeur sur l’individu, candidat à la direction du PLQ. Et le jugement que je porte est sans équivoque : Raymond est avant tout un bâtisseur dont l’intégrité et la franchise n’ont jamais été mises en cause, sans compter qu’il possède une maîtrise et un doctorat en administration des affaires, ce qui, dès le départ, le met dans une classe à part.

J’ai rencontré Raymond pour la première fois en 1981 alors qu’il a joint les rangs de Metro-Richelieu comme responsable du développement stratégique de l’entreprise. J’y étais déjà comme vice-président marketing depuis quelques années. Nous avons été voisins de bureau pendant cette importante période au cours de laquelle Raymond a été l’instigateur des profonds changements qui ont fait de Metro l’entreprise que l’on connaît aujourd’hui. D’un simple regroupement d’épiciers, Metro avait tout d’abord fusionné avec Richelieu, puis avec Épiciers-Unis de Québec pour ensuite devenir une entreprise cotée en Bourse.

Un peu plus tard, Raymond a réalisé deux des bons coups qui ont assuré l’avenir de Metro: l’achat d’une importante participation dans le grossiste pharmaceutique McMahonEssaim et l’achat des grandes surfaces Super Carnaval. Ces investissements stratégiques ont vraiment été à la base de la diversification de MetroRichelieu qui, aujourd’hui, est un joueur majeur en pharmacie avec Brunet, et dans les grandes surfaces avec Super C.

Plusieurs années plus tard, nos routes se sont croisées à nouveau. J’étais PDG de la SAQ alors que Raymond était PDG du Fonds de solidarité. La SAQ cherchait un moyen de consolider l’industrie de l’embouteillage du vin au Québec, à une période où l’ontarienne Vincor détenait la part du lion de ce marché. D’ailleurs, Vincor venait de se porter acquéreur de Cellier du Monde et du Groupe Paul Masson, deux des plus importants embouteilleurs de vin à propriété québécoise. Raymond et moi avions donné notre aval à la formation de la nouvelle Maison des Futailles qui est alors devenue une entreprise autonome détenue 50-50 par les deux entreprises. La Maison des Futailles s’est par la suite portée acquéreur de plusieurs autres embouteilleurs, avec le résultat qu’elle a été en mesure de rivaliser à force égale avec Vincor. Depuis ce temps, Vincor a été acheté par l’américaine Constellation Wines.

Il y a évidemment d’autres candidats très valables au PLQ pour la succession de Jean Charest, candidats que je ne connais pas personnellement, ne les ayant jamais rencontrés.

Je me dois cependant de faire une observation concernant Philippe Couillard. Le monde des affaires, ainsi que le monde universitaire, ont encore une dent contre lui depuis qu’il a imposé le choix de l’emplacement de l’hôpital Saint-Luc pour la construction du nouveau CHUM plutôt que le terrain vacant situé à Outremont, près de l’Université de Montréal.

Il est également connu que ce dernier site était favorisé par Jean Charest et plusieurs autres ministres importants, mais que l’entêtement de Philippe Couillard a eu le dernier mot, avec la conséquence que le nouveau CHUM a connu retard après retard avec les augmentations de coûts qui ont suivi.

Pendant ce temps, le Centre universitaire de santé McGill (CUSM) a pris une longueur d’avance avec une nouvelle construction sur un terrain vacant. Il serait certes souhaitable que Philippe Couillard explique les raisons de sa décision pour enlever ce nuage qui plane toujours sur lui et qui lui enlève tout soutien important en provenance du monde des affaires.

Publié par Gaétan Frigon