FACE À LA CRISE FINANCIÈRE : AGIR OU RÉAGIR

FACE À LA CRISE FINANCIÈRE : AGIR OU RÉAGIR

On dit qu’en santé, il vaut mieux prévenir que guérir. C’est la même chose en économie et en finance où il est préférable de prévenir les maux en agissant avant qu’une crise ne survienne plutôt que de guérir en réagissant aux évènements alors qu’on est en crise. Le système capitaliste a beau être le meilleur système au monde, il se doit d’être encadré par les gouvernements avant que ça aille mal. C’est justement ce que les États-Unis n’ont pas fait. Le capitalisme américain, qui a été laissé à lui-même depuis plus de 25 ans, est tout simplement devenu sauvage, les gouvernements successifs ayant succombé à une dérèglementation insensée qui a ouvert la porte à la situation actuelle. Évidemment, dans ce contexte, les gouvernements ne peuvent que réagir et non agir. Et même si nos voisins américains ont encore les moyens de mettre le feu, malheureusement, ils n’ont plus les moyens de l’éteindre. Alors, le feu va se propager au Canada. Et on sait tous que, quand les États-Unis prennent le rhume, le Canada tousse…

Selon moi, agir pour un gouvernement consiste surtout à faire de la prévention et à bien encadrer les différents acteurs des milieux financiers et économiques pour éviter les dérapages éventuels, d’autant plus qu’aujourd’hui, les gouvernements, par leurs banques centrales, ont plus de moyens et peuvent injecter des liquidités presqu’illimitées. Cela ne tient pas de l’interventionnisme mais du gros bon sens. Et il faut bien l’admettre, les États-Unis ont créé de toute pièce la situation actuelle qui semble vouloir paralyser toute la planète. Ils ont agi avant mais de la mauvaise manière. Depuis la présidence de Ronald Reagan, les États-Unis appliquent la même recette simpliste : dérèglementer et baisser les impôts des riches pour qu’ils puissent réinvestir dans l’économie. Ainsi, l’économie va croitre et le gouvernement va non seulement récupérer les baisses d’impôt, mais augmenter ses revenus et diminuer sa dette. Belle récupération : en 25 ans, la dette des États-Unis est passée de 2,000 à 10,000 milliards de $, dette financée en bonne partie par la Chine.

Il y a et il y aura toujours deux écoles de pensée sur ce que les gouvernements peuvent faire ou ne pas faire dans une crise économique. Il y a, d’une part, ceux pour qui l’intervention gouvernementale est la solution à tout, ce qui tient un peu beaucoup du socialisme, et, d’autre part, ceux pour qui l’intervention gouvernementale est le problème, ce qui nous amène aux abus qui, justement, ont créé les problèmes que l’on connait. Ce qu’il faut pour les gouvernements, c’est de bien agir avant la crise de façon à bien réagir pendant et après la crise. En fait, le plus important pour un gouvernement, c’est de créer un climat de confiance qui fera en sorte que les acteurs verront rapidement la lumière au bout du tunnel. Et ce n’est certes pas ce qui se passe aux États-Unis. Moins de 24 heures après que le gouvernement américain eut réagi en votant un montant de 700 milliards de dollars pour éviter que des douzaines de banques ne fassent faillite, les grandes bourses à travers le monde ont perdu globalement 2,500 points. Oups! Il est certes préférable pour un gouvernement de ne rien faire en temps de crise plutôt que de créer des expectatives irréalistes en période électorale.

Publié par Gaétan Frigon