UNE INTERDICTION RIDICULE
UNE INTERDICTION RIDICULE
Publié dans La Presse, le 28 octobre 2013 :
Honnêtement, j’ai beaucoup de difficulté à comprendre ce refus d’autoriser le virage à droite. Et quand je parle de virage à droite, cela n’a rien à voir avec l’échiquier politique du Québec et tout à voir avec la non-autorisation de virer à droite aux feux rouges.
Vous aurez compris que je me réfère à ce qui est autorisé à peu près partout en Amérique du Nord, excepté sur l’île de Montréal où, à ce qu’il semble, les gens soient moins intelligents qu’ailleurs. Les raisons invoquées pour cette façon de faire sont parfois loufoques: la ville est trop grande et trop populeuse (qu’en est-il alors de Toronto?), ou il y a trop de circulation (qu’en est-il alors de la plupart des grandes villes américaines?).
Partout en Amérique du Nord (ainsi que dans de nombreux pays européens et asiatiques), les États, les provinces ou les villes ont le choix entre deux façons de faire. La première est de permettre le virage à droite aux feux rouges en tout temps à moins que ce ne soit expressément défendu par une indication, et la deuxième est de défendre le virage à droite aux feux rouges en tout temps à moins que ce ne soit expressément permis par une indication. À ce que je sache, tous ces États, provinces ou villes ont choisi la première option, à l’exception de Montréal.
N’est-il pas ridicule qu’un automobiliste de la ville de Québec puisse virer à droite sur une grande artère achalandée dans sa ville alors qu’un automobiliste de Pierrefonds ne peut pas tourner à droite sur une rue presque déserte de son arrondissement ? Ou encore qu’un automobiliste de Laval puisse virer à droite aux feux rouges du côté nord du pont qu’il traverse alors qu’il ne peut plus le faire une fois rendu du côté sud ?
De plus, pour un Québécois qui vit à l’extérieur de l’île de Montréal, pour un Canadien d’une autre province, ou pour un Américain qui vient nous visiter, la seule façon de savoir que le virage à droite est interdit sur l’île de Montréal est par une pancarte installée à l’approche des différents ponts. Cela n’est pas toujours évident. Certains diront que les policiers montréalais sont plutôt tolérants à l’égard des automobilistes de l’extérieur de l’île. Mais on ne peut quand même pas faire une loi basée sur des tolérances non écrites.
Considérant qu’il peut y avoir d’excellentes raisons pour défendre le virage à droite aux feux rouges à certaines intersections, la solution me semble pourtant tellement simple. Il s’agit de permettre en principe le virage à droite aux feux rouges partout sur l’île de Montréal, mais de le défendre, par des indications, aux intersections où on veut l’empêcher.
Si, par exemple, on ne veut pas de virage à droite aux feux rouges dans le centre-ville de Montréal, on n’a qu’à apposer des indications en ce sens à tous les coins de rue à l’intérieur d’un quadrilatère délimitant ce que l’on entend par centre-ville. Tous les automobilistes, incluant ceux venant de l’extérieur, sauront qu’ils n’ont pas le droit de virer à droite. Plus besoin de tolérance de la part des policiers. Tout le monde est sur le même pied.