LA RÉALITÉ DES SABLES BITUMINEUX
LA RÉALITÉ DES SABLES BITUMINEUX
Publié sur LesAffaires.com, le 19 septembre 2011 :
Il est de bonne guerre au Québec, dans l’est du Canada et ailleurs sur la planète de critiquer les sables bitumineux de l’Alberta, surtout pour la pollution qu’ils engendrent. Peut-être y-a-t’il un peu de jalousie dans cette critique considérant que les retombées économiques importantes qui s’y rattachent sont dans le champs du voisin et non dans le nôtre. Si c’était le Québec qui avait des sables bitumineux en grande quantité, je ne suis pas certain que l’on critiquerait autant. Imaginons que nous ayons au Québec quelque chose de semblable aux sables bitumineux, qui paie la totalité de notre dette, qui paie une bonne partie de nos services sociaux et qui fait en sorte que nous n’ayons plus besoin de TVQ, quelle serait alors notre réaction vis-à-vis les critiques? En y regardant de plus très, on se rend compte qu’on se tire dans le pied et faisons preuve d’un manque de réalisme en exigeant que le développement des sables bitumineux cesse.
D’une part, il se consomme tout près de 85 millions de barils de pétrole par jour sur la planète et la demande continue et continuera de croitre pour l’avenir prévisible. Malheureusement, ce pétrole provient surtout de l’Arabie Saoudite, de la Russie, de l’Iran et du Venezuela, des pays où la stabilité politique n’est pas toujours à l’ordre du jour. La présence du Canada, pays avec les plus importantes réserves de pétrole au monde après l’Arabie Saoudite, ne peut qu’être salutaire à long terme. On dit que les réserves exploitables en Alberta se situent à 170 milliards de barils, sans compter d’autres réserves 10 fois plus importantes qui ne seront probablement jamais exploitables à cause des coûts impliqués. Il est un fait que le pétrole qui vient des sables bitumineux est un pétrole ‘’sale’’, difficile à extraire et polluant. Cependant, les critiques devraient diriger leurs efforts en fonction de l’instauration de politiques qui exigeraient beaucoup plus d’investissements pour diminuer la pollution causée par l’extraction des sables bitumineux plutôt que d’essayer de les rayer de la carte. Il est connu que le pétrole ‘’normal’’ ne coûte que quelques dollars par baril à extraire alors que le pétrole des sables bitumineux coute beaucoup plus cher par baril. Mais même à un prix plus élevé, il reste toute une marge considérant que le pétrole se vend près de 90$ le baril. Une partie plus importante de cette marge pourrait certes être investie pour développer des modes d’exploitation moins polluants.
D’autre part, on sait que le Québec reçoit environ 8.5 milliards de dollars en péréquation par année. Ce montant vient strictement du fédéral, ce qui signifie que le Québec y participe lui-même directement pour entre 20 à 25% du total, laissant un net de plus de 6 milliards par année à la province. C’est presque 10% du budget total du Québec et ce montant n’existerait presque plus si ce n’était de la richesse crée par l’exploitation du pétrole en général et des sables bitumineux en particulier. La péréquation a justement pour but d’égaliser la richesse entre les provinces. Et sans son pétrole, l’Alberta serait une province comme les autres, la rendant ainsi plus semblable au Québec en termes de richesses. Et si la richesse moyenne par province était égale, il n’y aurait plus de péréquation, du moins en principe. Donc, entre exiger de ne plus extraire de pétrole provenant des sables bitumineux et exiger plus d’investissement pour rendre leur extraction moins polluante, j’ai fait mon choix.