PIERRE KARL PÉLADEAU: DES RÉSULTATS ÉLOQUENTS

PIERRE KARL PÉLADEAU: DES RÉSULTATS ÉLOQUENTS

Publié sur LesAffaires.com, le 8 novembre 2011:

À la fin des années 80, alors que je travaillais pour Quebecor, les mauvaises langues disaient déjà que Pierre Karl Péladeau (PKP) avait les défauts de son père sans en avoir les qualités. Fonceur, frondeur et arrogant, pour ne donner que quelques qualificatifs, il balayait tout sur son passage en laissant des traces pas toujours élogieuses. Dans tous les cas, la fin justifiait les moyens. Il pratiquait à la perfection le vieil adage qui dit que l’offensive constitue la meilleure défensive. Et, à ce chapitre, il n’a pas changé au cours des années.

Cependant, le but du présent article n’est pas de revenir sur le passé, ni sur les nombreux lock-out qui font partie de l’histoire récente de Quebecor, ni de m’étendre sur ses querelles incessantes avec Bell, Transcontinental, Radio-Canada et Gesca, tous des compétiteurs à qui il ne laisse aucun répit, ni de revenir sur son contrôle pas toujours subtil de l’information. Loin de moi également l’idée de vouloir justifier ses méthodes. Il s’agit là de sujets qui sont déjà bien couverts et bien documentés par de nombreux chroniqueurs. Mon but est d’établir un parallèle entre le Quebecor dont il a hérité au décès de son père et le Quebecor d’aujourd’hui. Et, à cet égard, le résultat est éloquent et probant, même si le style n’a pas changé.

Lorsqu’il a pris la relève au décès de son père, plusieurs voyaient venir la fin de Quebecor justement à cause du style ‘’ma façon, rien d’autre’’ de PKP. À cette époque, les profits de Quebecor venaient de deux sources principales dont l’avenir était incertain: Le Journal de Montréal ainsi que sa contrepartie Le Journal de Québec, et les Imprimeries Quebecor. D’une part, PKP savait très bien que les deux quotidiens en question se dirigeaient tout droit dans le mur notamment à cause des conditions plus qu’avantageuses que son père avait consenties pour éviter toute grève, et que, d’autre part, les Imprimeries Quebecor feraient éventuellement face à une décroissance rapide devant la progression de l’internet.

Utilisant la convergence comme cheval de bataille, PKP a fait un virage à 180 degrés dans tous les secteurs où Quebecor était présent. Tout d’abord, après des lock-out pas toujours exemplaires, Le Journal de Montréal et Le Journal de Québec sont redevenus les vaches à lait d’antan grâce à des coûts d’opération radicalement réduits et à un lectorat qui s’est maintenu. Et quoiqu’en disent les perdants dans cette saga, la qualité de ces deux journaux est demeurée à un niveau raisonnable et acceptable. Puis, il a réussi à se débarrasser complètement des Imprimeries Quebecor sans trop de dommages financiers. C’est là tout un exploit en soi.

Mais c’est au niveau de Videotron et de TVA que les changements sont les plus palpables. Alors que Videotron n’était que dans la câblodistribution avec une réputation de service à la clientèle pourri lors de son achat, l’entreprise est aujourd’hui devenue un modèle de service à la clientèle dans à peu près toutes les sphères de communication dans lesquelles elle opère : câblodistribution, internet haute-vitesse, téléphonie résidentielle et d’affaires par internet, téléphonie cellulaire, etc. Quant à TVA, c’est devenu le cœur de la convergence à la Quebecor ainsi que la plaque tournante de l’ensemble des stratégies de communication.

Finalement, son dernier coup, et non le moindre, vient de son entente avec le maire de Québec pour la gestion du futur amphithéâtre. J’ai dit et je répète que PKP a tout simplement mis le maire Labeaume dans sa petite poche d’en arrière en lui soutirant un bail qui donne à Quebecor un avantage financier important sur les autres clubs de la LNH dans l’éventualité où il y aura un club de hockey à Québec. Et il y en aura un, foi de Péladeau et de Labeaume. Il s’agit probablement là d’un des coups les plus fumants de PKP, un coup qui aura des répercussions pour des années à venir. En somme, sur une base strictement financière, PKP est à démontrer qu’il a les qualités de son père sans en avoir les défauts. Le monde des affaires au Québec et au Canada devrait en prendre bonne note.

Publié par Gaétan Frigon