SANTÉ : LA HANTISE DU PRIVÉ
SANTÉ : LA HANTISE DU PRIVÉ
J’ai toujours eu beaucoup de difficultés à comprendre pourquoi certaines personnes ont érigé notre système de santé au niveau d’une presque religion au point où toute incursion du privé les rend hors d’eux-mêmes. Le plus important n’est-il pas que l’universalité et l’accessibilité pour tous ne soient pas remises en question? Et à ce que je sache, personne ne remet ces principes en question. Mais alors, si le privé peut améliorer le système public et aider à son financement, pourquoi alors s’y opposer avec autant de véhémence? On dit que notre système public de santé est ‘’le plus meilleur’’ au monde, mais, il faut bien l’admettre, son coût est devenu incontrôlable et ça ne fait que commencer. Un jour ou l’autre, toutes les couches de la société devront réaliser cette évidence et mettre de coté cette rigidité doctrinaire qui n’a plus sa place.
La vraie vie est faite d’inégalités. Il y a des gens qui ont des grosses maisons et qui roulent en Mercedes alors que d’autres vivent dans la rue. Mais en ce qui a trait à la santé, on a érigé un principe immuable : si quelqu’un qui est sans le sou doit attendre pendant 15 heures dans une salle d’urgence pour se faire soigner, hé bien celui qui a de l’argent va faire de même. Il va se mettre en ligne comme tout le monde. C’est du nivellement par le bas. Mais avez-vous déjà vu des politiciens ou des gens d’affaires attendre pendant 15 heures dans une salle d’urgence? Moi, je n’en ai jamais vu et je peux ajouter que je n’ai jamais eu à le faire moi-même. J’ai toujours été en mesure de me faire soigner rapidement, d’une façon ou d’une autre, en payant s’il le faut, et, dans certains cas, en allant me faire soigner aux USA. Et je peux vous assurer que personne ne changera ma façon de faire, même en prônant des grands principes d’égalité et d’équité. Mais je préférerais beaucoup le faire par la porte d’en avant plutôt que d’avoir à le faire par la porte d’en arrière comme c’est le cas présentement.
J’aimerais bien qu’on me fasse comprendre pourquoi il faut à tout prix empêcher le privé d’avoir une certaine part de la santé au Québec si cela améliore le sort de tous et chacun, sans toucher aux grands principes d’accessibilité et d’universalité. Voici un exemple : si j’accepte de payer pour certains soins en autant que je sois soigné plus rapidement, disons en 5 heures plutôt qu’en 15 heures, pourquoi les gens qui n’ont pas d’argent s’objecteraient-ils si l’argent supplémentaire que je paie leur permettait de se faire soigner en 10 heures plutôt qu’en 15 heures? Pourquoi le gouvernement s’objecterait-il à ce que les gens plus à l’aise paient pour certains soins de santé si les montants supplémentaires ainsi récoltés s’ajoutent au budget de la santé et permettent de donner de meilleurs services à tous?
Pourtant, dès qu’un rapport ose proposer une certaine place au privé, certains groupes tirent immédiatement sur le messager pour s’assurer que les recommandations ne soient pas mises en pratique. Et on monte vite aux barricades. C’est la hantise du privé comme si seul un système public pouvait répondre aux besoins du Québec. Pourtant, la réalité des dernières années qui fait ressortir le gouffre sans fond que constitue le Ministère de la Santé devrait convaincre les plus incrédules que l’apport du privé constitue probablement la seule solution qui nous permettra de conserver notre système de santé à long terme.