UN GÂCHIS NOMMÉ BIXI
UN GÂCHIS NOMMÉ BIXI
Publié dans La Presse, le 23 janvier 2013 :
En soi, BIXI est un excellent système, tant au niveau de la conception que de la construction et de l’exportation, sans compter le fait que BIXI a créé près de 450 emplois. Implanté en 2009 par la société en commandite Stationnement de Montréal (SCSM), BIXI est maintenant dirigé par la Société de vélo en libre-service (SVLS).
Cependant, depuis son lancement, BIXI n’est rien de moins qu’une histoire d’horreur sur le plan financier, un gâchis sur toute la ligne . Il s’agit d’un bon concept, mais d’un concept qui a été mal planifié, mal lancé, mal financé et mal géré, comme cela arrive souvent dans le secteur public ou avec un organisme à but non lucratif.
Je comprends très bien alors pourquoi le maire Denis Coderre a décidé de rappeler son prêt de quelque 30 millions de dollars, ce qui, au bout du compte, obligeait le SVLS à se mettre sous la protection de la loi pour éviter la faillite. C’était la bonne décision à prendre considérant l’ensemble du dossier.
Commençons par le commencement: les vélos BIXI auraient couté en moyenne 6000$ chacun. Je dis bien 6000$ par bicycle. Certains diront que ce prix comprend les coûts de développement, mais quand même. C’est tout comme si, au lieu de bicyclettes, il s’agissait d’autos et que chacune coûtait, disons, 200 000$. Difficile dans les circonstances de rentabiliser un tel système.
Depuis le tout début, le système BIXI est un désastre en devenir, malgré l’optimisme manifesté par la plupart des politiciens impliqués, à commencer par Gérald Tremblay qui, dans ce cas comme dans d’autres, n’a tout simplement rien vu.
Un problème annoncé depuis longtemps
Pourtant, ce ne sont pas les signaux qui manquaient. On n’a qu’à lire les reportages des dernières années pour se rendre compte que les signaux pointaient tous dans la même direction: «Crise de liquidité», «En attente du plan d’action», «Retard pour livrer les états financiers», etc. En fait, l’entreprise a toujours été déficitaire. Pour 2012, la société prévoyait des revenus de 91 millions et des profits de près de 11 millions. Il semble que les revenus s’établissent plutôt à 50 millions, avec une autre perte significative.
Il aura cependant fallu le rapport dévastateur du vérificateur général de la Ville de Montréal pour que tout un chacun réalise l’ampleur du problème. BIXI a bien sûr souffert des discussions futiles sur son statut juridique et sur sa vocation internationale, mais cela n’explique pas tout. Les difficultés financières de BIXI ne datent pas d’hier et étaient prévisibles.
L’exportation devait permettre à BIXI de compenser les pertes locales, mais, là aussi, c’est un fouillis total, notamment à New York, qui refuse de payer, la technologie n’étant tout simplement pas fonctionnelle. BIXI a bien essayé de vendre ses activités internationales, mais les acheteurs potentiels se sont retirés un à un après avoir analysé les états financiers.
Au-delà de tout cela, il est important que le concept BIXI survive et progresse, d’autant plus que son bilan sera nettoyé une fois que l’entreprise en aura terminé avec les tribunaux. Mais sa réputation sera drôlement écorchée, tant localement qu’internationalement, et seule une nouvelle administration opérant dans un contexte beaucoup plus rigoureux pourra redorer son blason.