UN REIN CE N’EST PAS RIEN!
UN REIN CE N’EST PAS RIEN!
Écrit par Geneviève Beaulieu Veilleux et publié dans L’Hebdo du Saint-Maurice le 18 septembre, 2013 :
Le don de rein par donneur vivant est un exercice important, mais encore méconnu. Pourtant, il demeure aujourd’hui l’une des greffes les mieux réussies comme en témoigne le natif de Saint-Prosper de-Champlain Gaétan Frigon. Ce dernier a reçu le précieux organe de sa conjointe Hélène Héroux cet été: le plus beau des cadeaux!
Une offre qu’on ne peut refuser
Hommes d’affaires, entrepreneur et fondateur du groupe Publipage Inc., notamment, Gaétan Frigon a reçu le diagnostic d’insuffisance rénale il y a 30 ans déjà. N’accusant pas de symptôme gênant, mise à part une certaine diète alimentaire exempte de sel et de potassium, l’homme de 73 ans remercie la vie.
C’est que le juge de l’émission Dans l’oeil du Dragon a réalisé après plus de 15 ans de suivi auprès d’un néphrologue que le don d’organe par donneur vivant était chose possible. «On ne m’en avait jamais parlé avant. Ce n’était même pas une possibilité dans ma tête!», se souvient le sexagénaire au large sourire.
Mise au fait de cette opportunité unique pour celui qu’elles aiment, sa conjointe Hélène, ainsi que sa fille Marie-Claude ont spontanément proposé au malade se lui offrir un de leur rein. «Finalement, les deux donneuses potentielles étaient aptes médicalement à poser le geste, mais nous avions convenu qu’en pareil cas, ce serait ma conjointe qui ferait le don», indique M. Frigon en regardant amoureusement sa douce.
Une 2e chance
Ainsi, après un an d’attente sur la liste pour obtenir son opération, le téléphone sonne enfin en mars 2013. «On me proposait une date: le 11 juin et j’ai répondu sans hésiter: oui, oui, oui!», indique M. Frigon.
Émotif, mais convaincu d’aller dans la bonne direction en procédant à cette greffe, le couple a cherché à s’informer au mieux sans faire une fixation sur cet exercice médical sérieux. «On a même été jusqu’à rencontrer un donneur et un receveur venant tout juste de traverser cette épreuve il y avait trois mois.»
Gaétan Frigon paraît aujourd’hui plus en forme que jamais et ne se retient pas à dire que le don de rein de «son Hélène» a changé sa vie. Désireux de partager ce « petit miracle», M. Frigon souhaite démystifier le type de transplantation et propager cette intervention médicale au plus grand nombre par le biais de sorties publiques.
«Heureusement, nous étions compatibles Hélène et moi et la greffe a pu avoir lieu. C’est une chance inouïe de pouvoir vivre une telle expérience et de faire en sorte que notre qualité de vie puisse se poursuivre», soutient la donneuse Hélène Héroux qui partage la vie de Gaétan depuis 25 ans.
«Contrairement à ce qu’on pourrait croire, il n’est pas nécessaire d’avoir un lien génétique entre le donneur et le receveur pour effectuer une greffe de rein, pas plus qu’il ne faut patienter pour un donneur décédé», souligne Hélène Héroux. Elle indique aussi qu’une fois la décision prise, il faut éviter de se laisser emparer par le doute et de trop penser à l’intervention.
Signer dès maintenant
En effet, le couple tient à souligner que, malheureusement le besoin de donneurs n’a jamais été si criant. Cependant, des gens sur la liste d’attente meurent chaque année, faute de pouvoir recevoir cet organe qui aurait pu leur sauver la vie.
«Pourtant, il s’agit d’un organe que la majorité des gens possèdent en double alors qu’on a besoin que d’un seul rein pour vivre normalement. Je suggère donc fortement aux gens de ne pas hésiter à offrir spontanément leur organe aux malades dans le besoin, avant même que ceux-ci n’en fassent la demande.»
«Croyez-moi, c’est rare qu’un patient va oser demander directement à une personne en santé de lui donner son rein…», mentionne la femme qui souligne l’absence de désagréments de santé à la suite de la transplantation.
Enfin, c’est d’un commun accord et avec le désir de faire augmenter le nombre de greffes que M. Frigon et Mme Héroux se font les porte-paroles du don de rein vivant, de concert avec la Fondation canadienne du rein. «Donner un rein à un proche, c’est un don de vie et un don qui ajoute des années à cette vie», concluent-ils.