UN COUP DE GÉNIE

UN COUP DE GÉNIE

Publié dans La Presse, le 22 avril 2013 :

Autant j’ai trouvé irresponsables, pour ne pas dire indécentes, les nominations de Sylvain Simard au poste de président du conseil d’administration de la SAQ et de Jean-Yves Duthel au poste de représentant d’Investissement Québec à Munich, autant celle de Pierre Karl Péladeau au poste de président du conseil d’administration d’Hydro-Québec est un coup de génie de la part de Pauline Marois.

Les nominations de Sylvain Simard et de Jean-Yves Duthel ne sont rien d’autre que de la démagogie politique d’une autre époque, des récompenses politiques pour services rendus qui n’ont plus leur place dans le monde moderne d’aujourd’hui où seules les compétences doivent être prises en compte.

Pierre Karl Péladeau ne fait pas dans la dentelle, pas plus qu’il ne fait l’unanimité dans le monde des affaires. Il a un style de gestion plutôt abrasif et n’hésite pas à prendre les moyens nécessaires pour arriver à ses fins. Les lock-out au Journal de Québec et au Journal de Montréal en sont la preuve. Mais regardons plutôt la transformation positive qu’il a effectuée chez Québecor, la faisant passer d’une entreprise dépendant surtout de l’imprimé à une entreprise des nouvelles technologies de premier plan.

Il est évident que la proximité de PKP avec le Parti québécois fait sourciller les libéraux, et que sa façon d’utiliser le pouvoir des médias sous son contrôle fait sourciller la meute journalistique. Les principales raisons invoquées contre lui sont qu’il va utiliser son nouveau pouvoir pour enrichir Québecor. Cela est tout simplement farfelu. PKP ne s’en va certes pas à Hydro-Québec pour enrichir ses compagnies, mais bien pour changer fondamentalement cette société d’État qui en a bien besoin.

Certains diront qu’il n’aura pas le pouvoir nécessaire puisque c’est la haute direction, sous la gouverne de Thierry Vandal, qui possède les leviers du pouvoir. Mais laissez-moi vous dire que ce sera le CA d’Hydro-Québec sous PKP qui fixera les grandes orientations. Et gare à Thierry Vandal s’il ne les met pas en pratique. PKP comprend vite la business et n’accepte pas des solutions mal faites. La haute direction d’Hydro-Québec n’aura plus affaire avec un CA parfois bidon.

Dans le même contexte, je vois mal la ministre des Ressources naturelles, Martine Ouellet, appeler PKP pour lui donner des commandes politiques. Même chose pour les fonctionnaires qui ne devront pas se traîner les pieds. L’efficacité sera désormais à l’ordre du jour et l’autorité naturelle de PKP fera en sorte que, sans même qu’il ait à parler ou à agir, sa seule présence en fera réfléchir plusieurs.

Je me permets une prédiction : dans quelques années, Hydro-Québec sera une société d’État transformée et efficace, à l’écoute des gens, tout en ayant sensiblement augmenté ses profits.

En fait, on peut aimer ou détester Pierre Karl Péladeau, mais on ne peut pas lui enlever les résultats qui sont sa marque de commerce. Je salue sa nomination.

Publié par Gaétan Frigon