TEACHERS ET BCE : JE NE COMPRENDS PAS
TEACHERS ET BCE : JE NE COMPRENDS PAS
Je ne suis pas dans le secret des dieux, mais je ne comprends pas comment Teachers peut offrir plus de $50 milliards pour acheter BCE (Bell Canada) tout en espérant obtenir un rendement de 25% ou plus. Je ne peux que féliciter les membres du conseil d’administration de BCE d’avoir obtenu un montant aussi élevé pour cette entreprise vagabonde qui a longtemps été un phare pour presque tous les investisseurs. Même ceux qui ne connaissaient rien à la Bourse mais qui voulaient quant même acheter des actions achetaient des actions de Bell Canada. C’était une garantie de rendement supérieur. Mais c’était hier. Demain, c’est une toute autre histoire et une toute autre planète.
Tout d’abord, Bell Canada a totalement raté sa diversification entreprise il y a près de 30 ans. On ne compte plus les milliards perdus notamment dans l’immobilier, dans l’acquisition du Montréal Trust et dans celle de Téléglobe. C’est une histoire d’horreur avec la résultante qu’aujourd’hui, Bell Canada est revenu par obligation à sa mission première, à savoir la téléphonie, mais cette fois dans un contexte de compétition. Et c’est là que le bas blesse car Bell Canada n’a pas pour autant perdu son arrogance monopolistique. Voici pourquoi je pense que le prix payé est trop élevé.
D’une part, la téléphonie traditionnelle est attaquée par une série de nouveaux venus qui attaquent le marché d’une façon fort différente à travers IP : des forfaits qui incluent souvent le téléphone local, les interurbains (Canada, États-Unis et Europe) ainsi que tous les services imaginables (affichage, boite vocale, lignes distinctes, etc). On sait exactement ce que ça nous coûte et même si on voulait payer plus cher, c’est impossible. Pendant ce temps, Bell Canada continue de facturer à la pièce avec la bonne vieille méthode voulant qu’en bout de compte le client ne sache pas ce qu’il lui en coûte. Une chose est certaine : Bell Canada pourra peut-être arrêter l’hémorragie de la perte de clients mais elle ne pourra certes pas maintenir sa formule de prix élevés avec la résultante que chaque client lui rapportera moins. Alors, d’où viendra la croissance dans la téléphonie traditionnelle?
D’autre part, il y a encore un potentiel énorme de croissance au Canada dans la téléphonie sans-fil. Cependant, tous savent que les entreprises oeuvrant dans ce secteur au Canada ne pourront tout simplement pas maintenir les prix élevés que nous devons présentement payer à cause, notamment, des nouveaux joueurs qui s’ajouteront incessamment et qui grugeront des parts de marché à Bell Canada tout en faisant baisser les prix. Ajoutons à cela le fait que Bell Canada a choisi d’opérer sur le réseau sans-fil CDMA alors que la croissance à travers le monde se fait plutôt sur le réseau sans-fil GMS, ce qui ajoute aux difficultés de Bell Canada pour percer le marché. Alors, dans ce contexte, d’où viendra la croissance dans la téléphonie sans-fil?
Si j’avais encore des actions de Bell Canada, ma décision serait très rapide. Non seulement je ne perdrais pas de temps à me demander si je devrais les vendre ou non et accepter l’offre de Teacher’s, mais je demanderais simplement : ‘’Dites-moi où je dois signer….’’. Je n’attendrais certes pas qu’un autre joueur fasse une offre encore plus mirobolante pour Bell Canada ou encore que Teachers change d’idée…