UNE QUESTION DE RESPECT
UNE QUESTION DE RESPECT
Publié dans La Presse, le 28 janvier 2013 :
Michel Archambault, de la chaire de tourisme Transat à l’UQAM, a fait une sortie remarquée et remarquable sur le manque de liens aériens directs entre Montréal et la plupart des grandes villes importantes, notamment celles d’Asie. Il blâme Air Canada d’avoir fait de Toronto la seule plaque tournante obligatoire du trafic aérien au Canada, reléguant ainsi Montréal à un rôle de satellite.
Cette politique d’Air Canada, et de la plupart des autres lignes aériennes du pays, quoique justifiable sur une base purement financière, va beaucoup trop loin et se doit d’être changée.
Je mets volontairement de côté ici les vols vers l’Asie pour m’attarder seulement aux vols à destination des États-Unis, avec escale à Toronto. Ce qu’on impose aux passagers frise presque la folie, notamment en cette période de l’année où de nombreux Québécois s’envolent vers la Floride. Et voici pourquoi.
Dans la plupart des grandes villes canadiennes, dont Montréal, nous avons l’avantage de pouvoir passer les douanes américaines à notre aéroport de départ plutôt qu’à notre aéroport d’arrivée. Nous arrivons ainsi aux États-Unis tout comme si nous avions pris un vol intérieur plutôt qu’un vol international. Mais lorsque les lignes aériennes nous font transiter par Toronto, cet avantage devient un bordel tout simplement inacceptable.
Prenons l’exemple d’un vol Montréal-Miami avec arrêt à Toronto. Nous quittons Montréal sans passer les douanes américaines puisqu’il s’agit d’un vol intérieur vers Toronto. En arrivant à Toronto, nous devons récupérer nos bagages, nous rendre au terminal des vols vers les États-Unis, repasser par la sécurité, passer les douanes américaines et remettre nos bagages sur le carrousel à cet effet. Tout cela en nous assurant de ne pas manquer notre correspondance pour Miami.
Au retour, c’est la même chose, mais à l’envers. Le vol Miami-Montréal s’arrête à Toronto où il faut récupérer nos bagages, passer les douanes canadiennes, repasser la sécurité, se rendre au secteur des vols intérieurs, et remettre nos bagages sur le carrousel pour prendre le vol Toronto-Montréal.
La seule façon d’éviter ces situations aberrantes consiste à maximiser le nombre de vols directs vers les États-Unis et de limiter au strict minimum les vols avec escale à Toronto. Mais c’est loin d’être le cas. C’est même le contraire qui se produit. Si les vols directs vers Miami affichent complets, c ’est drôle, mais il y a toujours de la place sur les vols qui transitent par Toronto, alors que ce devrait être l’exception.
Le danger pour les lignes aériennes canadiennes est une perte potentielle de leur clientèle québécoise pour les destinations américaines les plus populaires. À titre d’exemple, je refuse d’aller aux États-Unis en transitant par Toronto. S’il n’y a pas de vols directs disponibles, je choisirai alors une ligne aérienne américaine qui fera un arrêt aux États-Unis plutôt qu’à Toronto. Il est beaucoup plus facile et moins irritant d’aller à Miami en passant par New York que par Toronto. En passant par New York, nous passons les douanes américaines à Montréal au départ et n’avons pas à reprendre nos bagages à New York. Et c’est la même chose au retour.
Je crois qu’il est important pour les lignes aériennes canadiennes de multiplier les vols directs de Montréal vers les grandes villes américaines. C’est une simple question de respect.